Le jour où Wanis s'endort...pour de bon


Le bracelet de naissance de mon
bébé Wanis
Le 5 décembre, un dimanche, je fais un peu de ménage, prépare un plat et conduis à 18h ma belle fille chez une copine...A 21h, je commence à avoir des contractions tout à fait supportables. J'appelle une amie au Maroc qui me dit que ce n'est pas normal: "Les douleurs, on les a quand on veut accoucher"! Ses paroles m'inquiètent mais je me rassure en me disant que je ferai le point avec mon médecin mardi.

La pince du cordon ombilical
A 22h, les contractions sont de plus en plus insistantes et surviennent toutes les 5 minutes...La nuit est longue et éprouvante. L'option d'aller aux urgences m'échappe comlètement sous le poids de la douleur.
Le lendemain à 7h, je vais aux toilettes et sens mon vagin s'alourdir et prendre la forme d'une boule. Je touche alors une chair et suis prise d'une hystérie de pleurs et je cris: "non, ne me quitte pas Wanis!" Plus le temps ni l'envie de faire pipi. Je pousse le corps étrange avec mon pouce et regagne rapidement ma chambre. J'appelle les urgences, mon mari et ma cousine au Canada à qui je lance d'emblée :"si je le perds, je me suicide" Les contractions reprennent. Les pompiers arrivent. On m'emmène à l'hôpital. Une sage femme me reçoit et me demande si j'ai des saignements...Je réponds par la négative et la supplie de sauver le bébé. Elle me laisse dans la salle des consultations et va appeler ses collègues.

Trois jours avant son enterrement,
j'achète cette tenue à Wanis.
Finalement, ne voulant pas le
déranger,  nous préférons,
son papa et moi, le laisser
drappé dans son linceul douillet.
Je lui ai juste mis le bonnet. 
Je sens alors un écoulement. Je baisse ma culotte et crie de toutes mes forces : "Aidez moi s'il vous plait...je saigne" Une gynécologue m'ausculte puis appelle au téléphone. Je l'entends dire :"Dilatation complète...position siège". Elle vient ensuite vers moi et me dit :"Madame, vous allez accoucher" En une fraction de seconde un espoir surréaliste me saisit :"peut être que c'est normal. Moi, je suis à terme au bout de cinq mois et alors ?!" Mais je me rends compte tout de suite du drame. Le ciel me tombe sur la tête. Je dis au médecin: "mais il est tout petit. Il va survivre ?" Elle me répond sur un air sceptique : "On va faire notre maximum. C'est la grande prématurité madame"
On me conduit à la salle d'accouchement. On ne peut pas faire grand chose pour soulager les contractions; la poche des eaux et déjà bombante. Je m'en fous à la limite... Je veux juste que mon bébé survive. Le personnel médical m'explique que Wanis naîtra vivant, qu'il ne criera pas et que ses battements de cœur s'affaibliront petit à petit jusqu'à ce qu'il s'endorme...
"On ne peut pas le prendre en charge à 23 semaines. Ça nous arrive de mettre un bébé en couveuse mais à partir de la 24ème semaine et encore..." m'explique un médecin. Je la supplie alors d'appeler mon gynécologue "peut-être qu'il se trompe de semaine..."
Je suis dégoûtée de désespoir, désemparée devant cet événement proche aussi irréversible qu'insupportable.
                                                                                                             
Les derniers instants avec Wanis avant
la fermeture imminente du cercueil

J'accouche à 11h10. On m'annonce que c'est un garçon. Je prends mon Wanis dans les bras. Le bébé le plus minuscule que j'ai jamais vu. Je lui dis que je l'aime, lui demande de me pardonner et l'arrose de baisers. Lui, reste stoïque mais je l'entends frémir de temps en temps. La sage femme me certifie qu'il ne souffre pas. La gynécologue et la pédiatre m'assurent, de leur côté, que le bébé ne présente aucune malformation et qu'aucune infection n'est détectée à mon niveau. Ce qui m'arrive est un pur accident. Wanis rend l'âme à 14h. Je ne l'oublierai jamais.

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