6 décembre 2014 : le frère posthume


Cher Wanis,

Adam
Tu aurais eu quatre ans aujourd’hui et tu aurais fêté avec nous, le 21 juin, l’arrivée de ton frère Adam. Un petit bout d’homme qui te ressemble beaucoup. Quand je l’ai vu endormi dans son couffin avec ses longs cils, sa bouche fine et son bonnet blanc, j’ai tout de suite pensé à toi. Il est à l’image de ce que je voulais : charmant et souriant.
Je ne t’ai pas oublié pour autant. Je pense tellement à toi que je dis « Wanis » à plusieurs reprises en parlant d’Adam. Tu gardes toute ta place dans mon cœur et mon esprit.
Je te disais l’autre jour que la douleur de ta perte était toujours présente, que je l’avais juste apprivoisée au fil des années. La venue d’Adam m’a permis de mieux la digérer. Car ce n’est pas que ton départ qui était difficile mais aussi le fait de me voir incapable d’enfanter la vie. A chaque fois que je regarde Adam sourire, mordiller sa girafe, malmener mon mamelon, attraper sauvagement mes lunettes, mettre les pieds dans la bouche, je suis fière et j’ai confiance en moi, en ce corps qui m’a tellement déçue, tellement dépitée.
Les premières semaines avec Adam étaient longues, ambivalentes et ardues. J’avais peur de mal faire, peur de ne pas être la maman que je rêvais, peur de le perdre. J’étais morte de fatigue et d’angoisse. La moindre toux, le moindre reniflement à cause d’un nez congestionné, le moindre pleur inexpliqué me déchirait le cœur. C’est la première fois que je ressens un bonheur immense mêlée à une souffrance insupportable. Mais, petit à petit, en le voyant grandir et s’illuminer, l’appréhension cède la place à la joie. J’apprécie mieux la maternité et j’essaie de la vivre dans la sérénité quoiqu’il ne soit jamais aisé d’aimer un être fragile et d’en être responsable.
Adam te connait déjà ! Il m’a accompagnée la dernière fois quand je t’ai rendu visite. Il n’a pas franchi la porte du cimetière car je voulais t’annoncer, en tête à tête, sa venue au monde mais, bientôt, je reviendrai avec lui déposer une gerbe sur ta petite sépulture.
Quand il comprendra le langage des hommes, je lui dirai qu’il a un frère aîné, plus petit que lui ; qu’il ne verra certes pas mais dont le souvenir ensoleillé lui nourrira toujours le cœur et l'imagination.

Je t’aime comme je n’ai jamais aimé

Ta maman




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