6 décembre 2016 : En un an…


Cher Wanis,

Adam, conquis par la tombe à côté.
Tu aurais eu six ans aujourd’hui. Tu les as réellement car tu n’as jamais cessé de vivre, de porter mes messages d’amour, de respirer mes soupirs et de grandir dans mes pensées.
Beaucoup de choses se sont passées depuis que je t’ai écrit la dernière fois. Depuis un an.
Comme prévu, tu as déménagé dans une autre concession du cimetière Lille Sud. La nouvelle sépulture est aussi discrète que la première. Sans relief ni fioriture. Je l’ai visitée avec papa et Adam l’été dernier et ton petit frère a préféré plutôt se recueillir sur celle de ta voisine, avec de l’apparat ! Du coup, pour ton cadeau de fin d’année, nous la décorerons… sobrement toujours.
Nous avons déjà acheté une bordure en bois et des galets.

Recueillement
Eric est décédé. C’était un brave homme. Attentionné et généreux. C’est le seul parmi nos connaissances à Lille qui m’a rendu visite quand j’ai accouché de toi. Le premier à qui j’ai annoncé ma grossesse. Je me rappelle de nos délicieuses randonnées ponctuées de bavardages et de confidences. Il aurait fait un excellent parrain pour Adam. La mort l’a choisi très tôt comme elle t’a choisi prématurément. Je n’ai plus de lui que les souvenirs et sa photo rayonnante, me tenant par le bras, à la mairie, le jour de mon mariage.

Ton frère grandit. Bientôt deux ans et demi. Quelle chance de l’avoir et quelle peur de le perdre ! Non, maman n’est pas pessimiste mais ce n’est pas facile de traîner tout le temps un trésor avec soi. Un trésor que l’on ne peut enfermer dans un coffre, mettre à l’abri des aléas de la vie. Je profite de chaque seconde avec lui et j’aimerais tant vivre 100 ans, 200 ans, bref, ce qu’il faut pour voir ce qu’il va devenir. Mon projet est d’en faire un homme heureux et j’ai besoin de savoir si ma promesse est tenue.

En un an, j’ai continué à désapprendre. Car c’est là, la voie vers la connaissance. Et j’espère que le fruit de mon apprentissage sera assez mûr pour la cueillette à pleines dents par ta mémoire et par celle d’Adam.

Je t’aime comme je n’ai jamais aimé.



Ta maman

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