6 décembre 2015 : Déménagement

Cher Wanis,
Ton petit frère !

Tu aurais eu cinq ans aujourd’hui et peut-être un petit frère de 17 mois et demi ! Tu me manques et je pense toujours à toi. Je te l’ai dit, quand on a un en enfant, on l’a pour la vie. Et je suis contente de t’avoir.
Depuis un an, Adam a bien poussé. Il me remplit de bonheur. C’est mon projet de vie. Je veux en faire quelqu’un de bien pour lui, pour moi, pour ta mémoire et pour l’humanité !
Je veux qu’il soit reconnaissant à la vie, qu’il apprécie les petites choses de notre existence : le  pain grillé à l’huile d’olive le matin, le câlin du soir, nos sorties dans la nature et au marché de légumes, les papotages avec le poissonnier et le marchand d’herbes, nos balades au bord de la mer, les retrouvailles avec les grands parents…Je veux qu’il soit positif et humble, éclectique et épicurien…qu’il aime les livres et se délecte de l’apprentissage. Je veux qu’il respire espoir et volonté et qu’il fuie ambition et conformisme. Je veux qu’il goûte aux douceurs de la vie et qu’il en ignore les amertumes. Je veux en faire un homme, un vrai. Sage et apaisé. Le monde, en proie à l’énervement, en a besoin.
Tu sais que le 13 décembre fera aussi cinq ans que tu es inhumé au carré des anges au cimentière de Lille Sud. Il va falloir bientôt te sortir de ce que je croyais ta dernière demeure. Maman a déjà acheté une concession funéraire pour toi. Tu seras exhumé et réinhumé le 6 janvier. Je ne peux malheureusement pas assister à cet ultime déménagement mais je penserai fort à toi. J’espère juste que le cercueil sera en bon état et qu’il enferme toujours nos petits souvenirs : la lettre que je t’ai écrite à l’hôpital, le jouet, ton bonnet blanc et les photos de maman.
J’appréhende qu’on me dise que le cercueil est détruit et qu’il n’y a plus rien à déplacer. Car malgré les principes immuables de la biologie, je ne veux garder en mémoire que l’image de ton petit corps filiforme et conservé. Donc, espérons que le sol et sa faune ont épargné ta petite demeure de bois.

Je t’aime comme je n’ai jamais aimé.


Ta maman

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